Je ne me rappelle plus précisément comment je suis arrivée à acheter ce livre, sans doute une recommandation sur X (anciennement Twitter) ou sur Bluesky. Je suis quasi certaine que la recommandation vient soit de Dr David Masson, soit de Dr Hugo Baup.
D’un point de vue pratique, le livre fait 189 pages (hors bibliographie) et l’édition que j’ai lue est celle des éditions érès. A noter, beaucoup de références aux années 90 dans l’ouvrage, des mises à jour / compléments sont peut être nécessaires.

De quoi ça parle ?
La compétence des familles, écrit par Guy Ausloos, est un condensé d’écrits, de retranscriptions de conférences et de sessions de travail avec les familles de l’auteur dans le cadre de sa pratique en tant que psychiatre et pédopsychiatre.
Le livre, qui peut être lu (comme l’auteur le souligne lui-même) dans n’importe quel ordre, permet au Dr Ausloos de formaliser sa méthode de travail pour collaborer avec les familles en crise qui le consultent, dans le cadre de thérapies familiales systémiques.
Il est découpé en trois parties : le temps (temporalité des familles, de la thérapie familiale, etc.), le chaos (chaos familial qui permet l’activation thérapeutique, chaos comme moteur de changement) et le processus (mode de fonctionnement de la famille, mise en place des dysfonctionnements, approche collaborative thérapeutique). Chacune de ces parties se complètent et éclairent la méthode de travail et les postulats de manière différente.
Pour sa méthode de travail, Dr Guy Ausloos part de deux postulats :
- la compétence de la famille : « une famille ne peut se poser que des problèmes qu’elle est capable de résoudre ».
- l’information pertinente : « l’information pertinente est celle qui vient de la famille et y retourne ».
Ces deux postulats, qui forment la colonne vertébrale de la méthode de travail présentée dans La compétence des familles, repositionnent les acteurs comme des collaborateurs : le psychiatre et les familles travaillent ensemble pour permettre la circularisation de l’information et l’auto solution. Il n’est pas question ici d’une forme de « suprématie » du psychiatre qui détiendrait le savoir, au contraire : la famille dispose des compétences nécessaires à la résolution du problème, c’est elle qui est actrice du changement. Celui-ci nécessite une diffusion de l’information pertinente pour que chacun puisse comprendre la dynamique qui se joue et pouvoir, via son action, permettre la correction de la situation problématique.
Dit plus simplement, la thérapie familiale systémique ainsi mise en œuvre ne cherche pas à comprendre et verbaliser la cause, mais bien de permettre à la famille de refaire circuler des informations nécessaires à l’homéostasie de ses systèmes (celui de la famille et ceux de ses membres).
Dr Guy Ausloos illustre ses propos tout au long du livre avec des exemples réels, qui permettent de bien appréhender la méthode de travail et la posture du psychiatre lors des entretiens avec les familles.

Mon avis
C’est un livre qui dit s’adresser à toustes, pourtant si je vois bien son intérêt pour les psychiatres / psychologues / professionnels du secteur, il me semble qu’il ne conviendrait pas aux personnes en début de thérapie, certains éléments ne prenant leur sens que lorsqu’ils peuvent être comparés avec un vécu.
Le ton m’a semblé parfois un peu trop « mâle blanc cis hétéro qui s’écoute parler », avec beaucoup de références à son propre travail, ce qui est très paradoxal au vu de la posture très humble du psychiatre présentée dans le cadre de la thérapie familiale systémique. En particulier, l’introduction est indigeste mais pourtant capitale puisqu’elle pose les bases qui sont développées plus tard. Le format du livre, comme un recueil de textes et retranscriptions de conférences, joue sans doute un rôle dans cet aspect redondant.
La compétence des familles est un bouquin très prenant avec des pépites qui mériteraient sans doute un peu plus que quelques lignes : je n’ai pas encore parcouru la bibliographie, mais il me semble que c’est nécessaire après avoir lu ce livre que d’approfondir. Je pense notamment au chapitre 8 sur les processus pathogènes, qui pose des éléments intéressants qui permettrait d’approfondir la partie « processus » mais qui ne va pas plus loin : un peu frustrant !
Conclusion
Ce livre a captivé mon attention et me paraît être une lecture de choix pour quiconque avec un peu de pratique et qui s’intéresse au sujet de la thérapie familiale et dispose d’un peu de temps pour approfondir les éléments présentés.