L’idée de faire un challenge artistique basé sur l’art abstrait en janvier 2020 est en fait arrivée en décembre 2019, mi-décembre 2019.
2019 a été pour moi une année relativement intense en challenges artistiques : je me suis essayée à #Mermay (un dessin de sirène par jour pendant le mois de mai) et j’ai complété #inktober (un dessin à l’encre par jour pendant le mois d’octobre), #huevember (un dessin mettant en avant une teinte par jour pendant le mois de novembre) et #drawcember (un dessin par jour pendant le mois de décembre).
Inutile de dire qu’à la mi-décembre, j’avais envie d’un challenge un peu plus « simple », avec moins de contraintes mais qui me permette tout de même de progresser dans ma pratique artistique. Et bien entendu, il devait être suffisamment distrayant pour que j’ai envie d’y accorder du temps chaque jour.
Et c’est ainsi que j’en suis arrivée à la conclusion que faire une peinture abstraite par jour serait une bonne idée pour le mois de janvier.
L’art abstrait a une place particulière dans ma vie : au début, je n’aimais pas l’art abstrait, je trouvais que c’était trop « facile », que cela ne valait pas la technique des grands maîtres de la Renaissance, la technique des grands maîtres tout court d’ailleurs. Et puis, petit à petit, j’ai commencé à m’y intéresser, à expérimenter de mon côté.
Mon affection pour l’art abstrait s’est finalement imposé à moi lors d’un voyage à Londres, et notamment lors de la visite du Tate Modern : tellement de techniques, de couleurs, d’émotion dans ces pièces d’art ! Et c’est ainsi que j’ai embrassé l’idée d’aimer apprécier et faire de l’art abstrait.
Mais de là à en faire tous les jours pendant tout le mois de janvier…? J’avais besoin de relâcher et de jouer avec la couleur, et je n’ai pas été déçue par ce challenge, j’en retire d’ailleurs 3 leçons que je vous expose ci-dessous.
3 leçons que je retiens de ce challenge
Leçon 1 : Jouer avec les matériaux et en profiter pour explorer leurs différences
Quand je me lance dans un challenge, je mets un point d’honneur à ne pas racheter de nouvelles fournitures, mais plutôt d’utiliser celles que j’ai déjà. Si vous êtes créatif vous même, vous devez comprendre le dilemme : vouloir tout expérimenter et pourtant avoir un stock de fournitures d’art conséquent.
Je créé depuis des années (mon enfance en fait), et donc j’ai eu le temps d’accumuler des fournitures, bien plus que nécessaire il me semble (le côté de ma personnalité qui aime le minimalisme n’est pas trop en phase avec le côté artiste qui veut tout tester parce que ça a l’air sympa, disons-le comme ça) donc pour ce challenge, j’ai voulu me concentrer en priorité sur la peinture acrylique et aquarelle que j’avais déjà en stock.
J’ai trouvé que ce challenge m’a permis de redécouvrir mes couleurs et pinceaux, les couleurs que je pouvais créer. J’ai une fâcheuse tendance à utiliser les couleurs telles qu’elles sont, sans les mélanger, et comme j’ai très peu de peinture acrylique par exemple (5 tubes ! blanc de titane, noir de titane, et la série froide des couleurs primaires), j’ai eu à prendre le temps de créer mes couleurs, de réfléchir la composition… Et tout en étant un challenge, cela m’a beaucoup amusée !
Côté support, j’ai pratiquement fait toutes mes peintures dans le carnet que j’avais commencé à ce moment là, qui est un carnet spécifiquement élaboré pour l’aquarelle, avec un côté des pages texturé et l’autre plus lisse. Le reste des peintures ont été faites sur des matériaux de récupération (le morceau de carton qui maintient parfois les T-shirts dans leur emballage par exemple).
Leçon 2 : Ne pas avoir peur du mixed media
Des fois je me dis que j’ai de drôles de limitations. Et parmi ces limitations, il y a celle de n’utiliser qu’un seul type de fournitures pour une création : si je fais une peinture aquarelle, je ne vais utiliser que de l’aquarelle par exemple. Cette idée est valable pour tous les types de créations : si je commence une série de dessins avec de la graphite, je vais la finir en utilisant exclusivement de la graphite, etc.
Sauf que comme je le disais un peu plus haut, autant pour l’aquarelle cela n’était pas dérangeant vu que j’ai trois palettes à ma disposition (oui je sais…le minimalisme j’en suis encore loin), autant pour l’acrylique j’étais très vite limitée puisque j’avais 5 tubes et seulement la série froide des couleurs primaires. Donc je finissais par tourner un peu en rond avec mes peintures acryliques.
Cela a duré jusqu’à ce que @andtheinvisible me partage l’art de @ckelso et que dans ma tête cela fasse tilt…
Je pouvais utiliser mes Poscas pour mes peintures aussi !
Inutile de dire que d’un coup d’un seul, mon champ des possibles s’est ouvert, et j’ai pris encore plus de plaisir à faire les peintures qu’au début du challenge.
Ce challenge ne m’a certes pas affranchie des limitations que je m’impose toute seule, en revanche, il m’a permis d’expérimenter l’utilisation des Poscas avec la peinture acrylique et la peinture aquarelle, et je dois bien avouer que je me suis bien amusée lorsque je me suis (enfin) autorisée à faire des choses qui me semblaient « farfelues »…
Leçon 3 : Jouer, tout simplement
Replaçons un peu le contexte avant que je développe ce point, si vous le voulez bien. Les premiers cours de peinture que j’ai pris, c’était de la peinture à l’huile, il y a plus de 20 ans de cela (ah… déjà ?) et c’était très classique comme enseignement : on étudiait les grands maîtres après avoir appris les dégradés, la lumière, la perspective… C’était très bien, loin de moi de critiquer ce que j’y ai appris puisque je m’en sers dans ma pratique artistique quotidienne, mais on ne peut pas dire que cela développait énormément le sens du jeu.
Et pourtant je m’étais fixée ce challenge justement parce que je voulais m’affranchir des contraintes des challenges précédents et pouvoir prendre le temps de faire un peu ce que je voulais, ce qu’il me passait par la tête sans (trop) me juger.
Finalement l’affranchissement des contraintes a été plus long que ce que j’imaginais. Peut être des résidus de pensées selon lesquelles l’art abstrait n’est pas vraiment de l’art, peut être un syndrome de l’imposteur, allez savoir.
Toutefois, si vous vous lancez dans un challenge similaire, j’ai envie de vous dire de persister. De ne pas écouter ces petites voix rabat-joie qui de toute façon n’ont pas leur mot à dire dans l’expérimentation : chaque touche que vous ferez à votre création est valide, ce que vous créez est valide.
Peut être qu’il ne sera pas comme vous l’imaginiez, peut être qu’il dépassera vos espérances, peut être que cela sera plus ou moins bien reçu. L’idée du challenge était d’expérimenter, de repousser des limites, alors autorisez-vous à le faire.
La dernière peinture que j’ai faite, ne ressemblait pas du tout à ce que je voulais qu’elle soit. Et puis finalement, avec un peu plus de ce superbe violet/pourpre, elle s’est transformée en une espèce d’aurore boréale, et je l’aime beaucoup. Ce n’est pas la plus fouillée, la plus recherchée en termes de composition, et pourtant j’aime beaucoup les couleurs, le mouvement, l’énergie qu’elle dégage, et si je m’étais trop prise au sérieux, je crois bien que je n’aurais pas réussi à atteindre ce résultat.
Au final, j’ai beaucoup aimé ce challenge : il m’a donné du fil à retordre (mais n’est-ce pas l’objet d’un challenge ?) et pourtant j’ai beaucoup appris, notamment en termes de lâcher-prise, d’exploration.
J’ai aussi mis de côté cette crainte du « gaspillage » des fournitures artistiques, ce que je garde encore bien précieusement aujourd’hui en tête quand mon cerveau essaye de faire en sorte que je ne me confronte pas à la page blanche.
Et donc j’ai réussi à faire une peinture abstraite par jour pendant le mois de janvier, j’ai complété #AbstractJanuary (qui est un challenge que je me suis créé moi-même, je tiens à le rappeler). Si vous voulez voir la totalité des pièces produites, elles sont disponibles sur mon Instagram.
Si vous avez des astuces ou pistes d’expérimentation à partager sur l’art abstrait ou la création en général, n’hésitez pas à laisser un commentaire ! Et si l’article vous a plu, n’hésitez pas à le partager sur les réseaux sociaux !
Bonne journée !
Les trois exemples présentés ici sont vraiment très beaux et équilibrés, même si très différents! Bravo pour ce lâcher-prise qui donne de si jolies choses 🙂 Abstract january mérite d’être plus connu…
Merci beaucoup ! Effectivement le lâcher prise permet de faire peut être des choix plus risqués en termes d’art, mais aussi, étonnamment j’ai envie de dire, une composition plus équilibrée !
Je n’ai pas vraiment communiqué sur le challenge, l’ayant fait surtout pour moi, mais qui sait en janvier prochain…