Ca n’a pas l’air d’aller du tout ! – Olivia Hagimont

Commençons par le commencement, si vous le voulez bien.

Il y a bientôt 4 ans, j’ai ma première attaque de panique. C’était le matin, je m’étais rendue au travail et je commençais à m’atteler à mes diverses tâches.
J’ai commencé à avoir des suées, la nausée. J’ai pensé à de l’hypoglycémie. Alors j’ai mangé des clémentines.
Mais ça passait pas. Ça passait tellement pas que je suis allée aux toilettes. 3 fois.
Les autres employés commençaient à arriver (moi j’étais responsable du bureau à l’époque). L’une d’entre elles me dit que j’ai pas l’air bien. A ce moment là, je me dis que c’est un petit coup de fatigue, que ça allait passer.
Et puis j’ai commencé à trembler. D’abord des mains, puis des bras, puis les jambes et en fait je tremblais de partout. Je faisais des allers-retours entre mon bureau et les toilettes. Ça faisait même pas 2 heures que j’étais là que déjà je commençais à me poser des questions, à envisager une maladie (je suis hypocondriaque et j’ai une peur panique de faire des malaises) (j’y pense environ 12 fois par jour, c’est dire l’obsession que c’est chez moi) (j’ai oublié de préciser que je n’ai jamais fait de malaise).
La collègue qui m’avait dit quelques minutes avant que j’avais pas l’air bien, m’a conseillé de rentrer après m’avoir trouvée tremblante et sanglotante dans le couloir. Elle a eu la gentillesse de me raccompagner chez moi : presque 30 minutes de trajet (dont la moitié de métro, le reste à pied) (je vivais à Montréal à ce moment là) dans un état pareil, seule, ça aurait été impossible pour moi.
Une fois rentrée chez moi, ma collègue (et amie depuis) m’a calmée et m’a conseillé du repos. Je me suis donc couchée. J’ai dormi (tenez-vous bien)  de 10h jusque 15h le lendemain. 29 heures d’affilée (ou presque) ! (et en me levant j’étais décalquée…)

Cette crise a été la première d’une longue série de crises qui a duré un certain moment.6 mois quoi. Pendant ce temps, on m’a suspecté des trucs pourris (un cancer notamment) (dont je n’ai parlé qu’une fois, et où l’on m’a répondu « ouais mais c’est rien ça) (ça vaccine de parler de ses craintes) (mais bref, et heureusement, c’était une fausse alerte), j’ai du quitter mon travail, quitter ma vie, mes amis et mes habitudes, j’ai dû affronter le chômage, j’ai refusé une demande en mariage, je me suis fait larguer et mettre à la porte et j’ai eu un accident de voiture. En 6 mois, non seulement j’ai tout perdu, tout ce que j’avais difficilement construit, mais en plus j’ai du affronter cette maladie qu’est la crise de panique.

Oui c’est une maladie. C’est une maladie paralysante, une maladie qui était (et est toujours) peu connue et dont on a honte. C’est une maladie dont il est difficile de parler et c’est surtout une maladie que les proches ont du mal à appréhender. Difficile de se faire une idée de ce que c’est, de la douleur que c’est (physique et morale), des traitements (phytothérapie pour moi) et du suivi (psychothérapie par hypnose dans mon cas…) que cela nécessite*.

Ca n'a pas l'air d'aller du tout !

Tout ça pour vous dire que le livre/BD d’Olivia Hagimont (elle-même atteinte des troubles paniques) sur le sujet est très bien.
Déjà parce que c’est un livre dans lequel elle explique comment les troubles paniques lui sont tombés dessus, comment elle a essayé d’y faire face seule, son séjour à l’hôpital psychiatrique, les efforts qu’elle a du faire et comment, aujourd’hui, elle vit avec cela.

crises de panique - BD Olivia HagimontLe tout est présenté sous forme de BD, avec beaucoup d’humour. Car si c’est une maladie dont on ne guérit pas vraiment (on arrive à vivre avec, à calmer les crises), avec le recul, c’est vrai qu’il vaut mieux en voir les bons côtés, car il y en a !

C’est vrai que la première partie du livre (sous forme de BD) s’adresse sans doute plus aux personnes qui ont un proche qui vit cette maladie, parce qu’elle explique bien ce qui se passe, ce que l’on ressent, les épreuves à traverser. Ce qui ne m’a pas empêchée de beaucoup me retrouver dans certains passages (cf. page photographiée ci-dessus). Il y a aussi quelques petits conseils pour bien accompagner quelqu’un qui traverse une passe comme celle là.

crises de paniques - que faire ?La seconde partie du livre s’adresse surtout à ceux qui sont atteint des troubles paniques, en prodiguant des conseils. Elle est particulièrement bien faite, bien illustrée et bien argumentée. Elle peut d’ailleurs aider les proches à comprendre les outils et méthodes que doivent appliquer les personnes qui sont atteints de troubles paniques. Par exemple, on me regarde souvent avec des yeux ronds quand je fais mes exercices de respiration. Et pourtant, les exercices de respiration sont importants (et il n’y a rien de vraiment incroyable là dedans, il faut juste se poser 5 minutes pour respirer calmement quoi) !

Bref, un très chouette livre pour comprendre les troubles paniques et comment s’en sortir ou aider quelqu’un à s’en sortir. Limite je me tâte pour en offrir, c’est dire !

* Loin de moi l’idée de dire que mes proches n’ont pas su m’écouter ou m’épauler. Seulement, je pense qu’il est en effet très difficile de faire face à une maladie pareille quand elle touche une personne de son entourage. Je sais que certains ont été désemparés dans la mesure où j’étais incapable de parler, d’exprimer ce qu’il se passait. Cette passe a vraiment été difficile pour moi et mes proches, j’étais vraiment renfermée presque apathique. Et si j’en parle aujourd’hui (certes difficilement) c’est parce que je suis suivie. Ce n’est ni de la mauvaise foi, ni du caprice, c’est un vrai problème. Dont il est difficile de parler sans avoir honte, sans se sentir boulet, sans se dévaloriser. Voilà.

9 thoughts on “Ca n’a pas l’air d’aller du tout ! – Olivia Hagimont

  1. Bravo Mnê pour ton courage !

    Merci d’en avoir parlé, j’espère qu’aujourd’hui tu vas mieux.

    Et côté BD, je trouve qu’il y a de petites perles en librairie en ce moment (je viens de lire « journal d’une bipolaire » en BD et c’est super bien fait !).

    Bon courage à toi et vive la phyto (une thérapie c’est bien aussi) !

    -BM

    1. Merci 🙂

      Aujourd’hui, oui, je vais mieux. Je fais beaucoup moins de crises de panique, c’est plus de l’angoisse.
      Ca faisait très longtemps que je n’avais pas lu de BD (la dernière que j’ai lu c’est « Ma vie est tout à fait fascinante » de Pénélope Bagieu), mais c’est vrai qu’il y a pas mal de choses sympas qui sortent en ce moment !

      Merci encore, bonne continuation à toi !

  2. Un gros gros merci et bravo pour ton témoignage plus que touchant. Je suis heureuse de voir que maintenant ça a l’air d’aller mieux pour toi. Le trouble panique est une vraie saloperie, car ça tombe sur les gens sans crier gare. Continue la respiration, c’est vraiment la clef pour s’en sortir (avec la thérapie cognitive). Merci! :love:

    1. Hello 🙂

      Ça faisait un moment que je pensais en parler, parce que c’est vrai que c’est méconnu, qu’on culpabilise beaucoup (les proches aussi d’ailleurs). Ton livre a été un coup de pouce qui fait du bien, qui permet de mettre le pied à l’étrier.
      Encore une fois félicitations, parce que ça n’a pas du être facile de coucher tout cela sur le papier, de s’affranchir des a priori.

      Oh oui la respiration c’est la clé (surtout dans des contextes de travail stressants ou difficiles) et la thérapie comportementale c’est vraiment un atout (alors qu’on culpabilise d’aller voir un psy, c’est bête en fait) (genre on ne culpabilise pas d’aller chez le médecin quand on a la grippe non ?).

      Merci à toi de ton témoignage :love:

  3. merci pour ce témoignage ! ca fait du bien de se sentir comprise , je vis ca depuis un an , cela a débarquer comme ca un matin et j’ai bien cru mourir ! je suis toujours sous traitement et en ce moment ca va plus de crises , je ne tente plus de ne serait ce que diminuer les doses car je refais des crises bine plus forte , donc voila on verra si je continuerai encore longtemp mais pour l’instant ca soulage .
    Personne ne comprend forcement ce que l ‘on vit alors ton message fait du bien
    mercii

    1. Merci pour ton gentil commentaire !
      C’est vrai que c’est difficile parfois de ce sentir comprise, mais c’est tellement méconnu aussi…
      Comme quoi, tu vois, on est plusieurs à souffrir de cela, il n’y a rien d’honteux et, heureusement, il y a des traitements qui permettent de s’en sortir, de calmer la douleur et la peur.
      Je suis contente si tu as pu trouver un peu de réconfort par ici, et j’espère que ça ira de mieux en mieux pour toi !
      Courage ! 🙂

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